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Comment bien investir dans le non-coté

Les performances du capital-investissement peuvent être spectaculaires. Le Revenu vous explique comment accéder à ce marché en plein essor.

Plus 150% en trois ans, qui dit mieux ? Le fonds de capital-investissement PAI Partners s’apprête à céder la société bretonne B&B Hôtels à Goldman Sachs pour environ 2 milliards d’euros… après l’avoir achetée en 2016 moins de 800 millions !

De telles success stories ne sont pas rares dans l’univers du non-coté, et ouvrent l’appétit de plus en plus d’investisseurs.

Record historique

L’an dernier, les fonds de private equity français ont levé 18,7 milliards d’euros auprès d’institutionnels (assureurs, caisses de retraite…), de family offices ou encore de particuliers , d’après une étude de l’association France Invest et du cabinet Grant Thornton. Un record historique ! Sur cette somme, 14,8 milliards d’euros ont été investis dans plus de 2.200 entreprises, dont 84% sont basées dans l’Hexagone.

Et les capitaux placés dans le non-coté progressent de 16% par an en moyenne depuis 2012. Cet engouement n’est pas une spécificité française : le bureau d’études britannique Preqin estime que les actifs gérés par les fonds de capital-investissement sont passés au niveau mondial de 500 milliards à plus de 3.400 milliards de dollars entre 2000 et mi-2018 !

Plusieurs voies d’accès

Aussi alléchant soit-il, le marché du non-coté est plus risqué que la Bourse, d’où ses rendements élevés. Il est aussi plus opaque : les sociétés privées ne sont pas tenues aux mêmes exigences de transparence que leurs homologues cotées (résultats financiers, document de référence…). Enfin, ces placements sont peu liquides : leur horizon de sortie se situe généralement entre huit et dix ans.

Si le capital-investissement est un bon moyen de diversifier ses placements, il convient donc de n’y allouer qu’une part minoritaire de son patrimoine. Pour ce faire, Le Revenu a répertorié les différents modes d’accès à ce marché pour les épargnants, de la gestion collective au crowdfunding, en passant par les clubs de business angels.

Les FCPI et les FIP : des fonds pour soutenir les PME innovantes

Bingo  ! Ivalua, la pépite dénichée par Ardian en 2011 s’est transformée en licorne. Le dernier tour de table, en date du 21 mai, a permis de lever 60 millions de dollars et d’accueillir au capital Tiger Global Management, un des grands acteurs américains du capital investissement. Par cette opération, la valorisation de la jeune pousse française, dont les ventes devraient dépasser 100 millions de dollars cette année, frôle le milliard de dollars.

L’introduction en Bourse, désormais en ligne de mire, Ardian pourra alors monétiser tout ou partie de ses plus-values et ainsi accroître de belle manière la valorisation des parts de ses fonds qui ont contribué au développement d’Ivalua.

Ces fonds, ce sont en partie des FCPI (fonds commun de placement dans l’innovation). Créés par la loi de finances de 1997, ils permettent aux particuliers d’investir une partie de leur épargne dans des PME innovantes. Gérés par des sociétés spécialisées dans le capital-risque ou le capital développement comme Ardian, ces véhicules d’investissement présentent un profil de risque élevé, mais en contrepartie ils ouvrent droit à des incitations fiscales. Conçus sur le même principe en 2003 par la loi Dutreuil, les FIP (fonds d’investissement de proximité) investissent dans des PME régionales créées depuis moins de 8 ans.

En 2018, la collecte globale des FIP et des FCPI s’est élevée à 355 millions d’euros pour 57 000 souscripteurs particuliers, selon les chiffres fournis par l’Association française de gestion financière. Cependant, cette enquête souligne la baisse de 67% des montants collectés sur la période en raison de la suppression du dispositif fiscal ISF-PME et de l’incertitude sur le taux de réduction de l’IR-PME, sans oublier le passage au prélèvement à la source.

Pratiques, ces véhicules permettent de diversifier votre épargne. Mais la carotte fiscale ne doit pas vous faire oublier que ces instruments présentent un risque élevé de perte en capital. En outre, votre argent sera bloqué sur une période comprise entre 5 et 10 ans.

Par ailleurs, au moment de choisir parmi les fonds agréés par l’Autorité des marchés financiers, prenez garde à l’empilement des frais de gestion (souscription, distribution, fonctionnement…) qui ne manqueront pas de rogner le rendement de votre placement. Lisez attentivement le Dici (document d’information clé pour l’investisseur) qui fournit les informations essentielles sur le fonds en apportant un éclairage sur les frais et commissions que vous devrez supporter.

Les business angels : pour intervenir dès la phase d’amorçage

Si les émetteurs de FCPI et FIP prélèvent des frais, c’est pour rémunérer le travail de fourmi et d’expertise qu’ils font chaque jour pour dénicher, sélectionner, valoriser et financer les meilleurs projets d’entreprises. Si vous voulez vous passer de leurs services et investir en direct dans le capital d’une PME, vous devrez alors vous-même prendre en charge ces tâches comme le font habituellement les business angels.

Ces investisseurs particuliers sont souvent des chefs d’entreprise, en activité ou en retraite, qui disposent de fonds importants leur permettant de répartir leurs investissements dans plusieurs projets différents pour mieux gérer les risques. Ils s’impliquent dans le financement des jeunes entreprises. Mais pas seulement. Selon leurs compétences, ils interviennent aussi comme conseiller auprès de dirigeants de sociétés parfois en manque d’expérience.

Avant de vous lancer dans l’aventure, sachez que les business angels sont souvent considérés comme «la chair à canon» du capital risque. En effet, ce sont eux qui prennent le plus de risques en intervenant dès la phase d’amorçage des levées de fonds.

Pour réussir dans cette activité, vous devrez donc bien choisir les projets dans lesquels vous investirez. Heureusement, les business angels se sont fédérés en réseaux sous la bannière de Franceangels. Il existe désormais des plateformes Internet, à l’image d’Angelsquare, créée en 2016, qui proposent des sélections de start-up en recherche de fonds. «Nous proposons aux business angelsdébutants d’investir aux côtés d’autres investisseurs expérimentés», explique Charles Degand, cofondateur d’Angelsquare.

L’intermédiaire se rémunère en prélevant une commission sur le montant des levées de fonds pour les investissements en direct au capital des PME ou en facturant une prestation dite de carried interest (la part des plus-values réalisées par un fond d’investissement qui revient à ses dirigeants) lorsque la prise de participation est portée par un véhicule consacré à un seul projet.

En général, il faut compter au minimum 10.000 euros pour un ticket d’entrée dans une start-up. Mais il faut toujours garder en tête «qu’il faut être prêt à prendre des risques. On peut parfois tout perdre», prévient Charles Degand.

Crowdfunding : le financement participatif pour prêter ou investir

C’est une alternative pour placer de petits montants à sa guise. L’émergence des plateformes de financement participatif (crowdfunding) ces dernières années a démocratisé l’accès au capital-investissement.

Ces sites Internet peuvent permettre aux particuliers d’entrer au capital d’entreprises – le plus souvent des start-up et des PME – à partir de 1.000 euros, voire moins. Les levées de fonds n’excèdent généralement pas 2,5 millions d’euros et la période minimale de conservation des titres est en moyenne de cinq ans.

Certaines plateformes facturent des frais d’entrée de 5%, ainsi qu’une commission de performance pouvant atteindre 20% des plus-values de cession. Comme dans le non-coté classique, la liquidité est faible et le risque de perte en capital significatif, d’où l’importance de diversifier ses placements en allouant plutôt des petits tickets à plusieurs sociétés qu’un gros dans une seule.

L’an dernier, 402 millions d’euros ont été collectés via le crowdfunding en France, contre 167 millions en 2015, selon un baromètre de KPMG et de l’association Financement participatif France (FPF). Plus de 1,5 million de personnes ont réalisé ce type de placements en 2018, majoritairement toutefois sur les segments du prêt et de l’immobilier.

L’investissement en capital (crowdequity) a, lui, chuté de près de 20%, à 47,1 millions d’euros, pénalisé notamment par la suppression de l’ISF et de l’ISF-PME. De quoi pousser le pionnier Smart Angels à cesser ses activités dans ce domaine (Le Revenu n° 1507). Mais ces déconvenues ne signent en aucun cas la fin du crowdequity. Pas moins de 174 projets ont été financés par ce biais l’an dernier et la plateforme Tudigo (ex-Bulb in Town) vient de lever 2 millions d’euros pour accélérer son développement.

Les principaux acteurs généralistes du crowdequity sont Anaxago et Wiseed, bien que le financement en fonds propres représente une part moins importante de leurs activités que l’immobilier et le prêt. Les jeunes pousses du numérique, des énergies renouvelables et de la santé sont particulièrement représentées dans leurs portefeuilles de projets. Avec une quarantaine de dossiers à son actif, Happy Capital est un autre acteur reconnu.

Certaines plateformes sont spécialisées : Wine Funding se focalise sur l’œnologie (avec possibilité d’être rémunéré en bouteilles en vin !), We Do Good sur les projets à impact social positif, LITA.co sur l’économie sociale et solidaire et Enerfip sur les énergies renouvelables.

Originale, Pré-IPO (propriété d’Invest Securities) propose d’entrer au capital d’entreprises à l’occasion de la dernière levée de fonds qu’elles réalisent avant de tenter de s’introduire en Bourse.


Comment investir dans des PME en réduisant son impôt

Il existe plusieurs manières de bénéficier d’un avantage fiscal pour ce type de placement. La première consiste à investir en direct dans le capital d’une PME à l’occasion d’une augmentation de son capital, avec une réduction de l’impôt sur le revenu de 18% des versements.

Cette réduction ne serait portée à 25% pour 2019 qu’en cas de validation par la Commission européenne, un scénario peu probable, qui ne s’était pas produit non plus en 2018 en dépit des attentes des professionnels.

18% en direct avec un plafond à 9.000 euros par personne

La réduction de 18% à l’impôt sur le revenu pour un investissement en direct dans une PME éligible est plafonnée à 9.000 euros pour un célibataire (18% de 50.000 euros), et 18.000 euros pour un couple. La fraction dépassant le plafond annuel de 10.000 euros d’économie d’impôt peut être reportée sur les quatre années suivantes. Seul le crowdfunding en capital offre les mêmes plafonds fiscaux.

On peut aussi utiliser son PEA ou son PEA PME, à condition de ne pas détenir plus de 25% d’une entreprise individuelle. L’exonération fiscale des dividendes d’actions non cotées y est en outre limitée à 10% de leur prix d’acquisition. 

Un investissement dans des FIP ou des FCPI est, lui, limité à 12.000 euros par personne, soit 24.000 euros par couple. La réduction d’impôt maximale est ainsi de 2 160 euros par personne (18% de 12.000 euros) ou 4.320 euros par couple. Pour un FIP corse, le taux de réduction est de 38%, au lieu de 18%. Mais, pour les FIP et FCPI, le plafond annuel de 10.000 euros de réduction d’impôt doit être respecté.

À la sortie, soit au minimum six ans après, les plus-values éventuelles sont exonérées d’impôt sur le revenu, mais restent soumises aux prélèvements sociaux.

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